Revue de Presse : 16 février

16 February 2020

Le Pacte vert d’Ursula Von der Leyen n’est rien qu’un éco-blanchiment, écrivent Yanis Varoufakis and David Adler dans un article pour The Guardian. Les sommes sont insuffisantes. L’importance du capital privé pour exécuter le plan ne fera qu’augmenter les inégalités en Europe. Et finalement, les résultats seront limités par un refus d’en finir avec l’austérité. On voit bien quelles sont les priorités de l’Europe, qui a dépensé quatre fois plus d’argent pour sauver les banques après la crise financière qu’elle n’est prête à déverser pour sauver la planète.

 

Critiquer la croissance économique n’est plus une position extrême, écrit John Cassidy dans un article pour The New Yorker. D’un point de vue environnemental, la promesse d’une croissance verte s’avère de plus en plus chimérique. Certes, sans croissance, on ne pourra plus améliorer la situation de tout le monde en même temps, et il faudra donc une politique de redistribution. Mais selon Cassidy, c’est une bonne chose. Concrètement, cette redistribution « verte » pourrait prendre la forme d’une taxe sur le carbone, par exemple, dont les recettes seraient redistribués parmi les plus pauvres. Mais au-delà d’une redistribution « verte », ce qu’il nous faut aussi, c’est de s’attaquer au consumérisme, et de se tourner vers d’autres chemins qui conduisent au bonheur.

 

Anthony Gardner, ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union européenne sous Obama, examine la politique étrangère des États-Unis concernant l’Europe au fil des administrations Obama et Trump dans un article pour Le Grand Continent. Selon Gardner, le succès de l’Union européenne est dans l’intérêt Américain. Pourtant, malgré les réussites qu’a réalisés ce partenariat, Gardner pense qu’il reste beaucoup de travail à faire. Malheureusement, Trump semble ignorer les avantages qu’apporte la coopération entre les États-Unis et l’Union européenne, une grave erreur stratégique qui a déjà vu des résultats néfastes.

 

Selon Mathieu Magnaudeix, la démocratie « ne meurt pas dans l’obscurité » – comme d’après le slogan du Washington Post – elle agonise « en pleine lumière ». Dans un article pour Mediapart, il expose la situation macabre de la démocratie américaine. D’abord un procès en destitution honteux, où la corruption des républicains a compromis l’équilibre des pouvoirs en faveur d’un président qui assimile son intérêt personnel à l’intérêt national. Ensuite la défaite risible au caucus de l’Iowa, non pas d’un candidat particulier, mais du Parti démocrate entier. Si les démocrates, affaiblis par ce nouveau développement, perdent l’élection en novembre, il en sera fait de la démocratie américaine.

 

Dans une analyse du conspirationnisme américain pour The Guardian, Nicolas Guilhot et Samuel Moyn constate que la propagation des théories du complot n’est pas le résultat de défauts cognitifs, mais plutôt d’une société divisée, par exemple par les inégalités dans le cas américain. Et l’origine de ces théories ? On la retrouve chez les riches de plus en plus puissants, qui les exploitent pour s’isoler de la rancœur des classes populaires. Mais le problème n’est pas unique à la droite ; la gauche et le centre aux États-Unis emploient parfois les mêmes tactiques. En fin de compte, ceux qui se concentrent sur les théories du complot, serait-ce pour les propager ou les discréditer, n’ont souvent qu’un objectif : détourner l’attention des inégalités économiques.

 

Avant de devenir candidat présidentiel, et avant de devenir maire de South Bend, Indiana, Pete Buttigeig était consultant chez McKinsey & Company, l’un des cabinets les plus importants du monde. Dans The Atlantic, David Markovits explique comment ces cabinets sont devenus progressivement plus influents au cours des décennies récentes.  Les entreprises au milieu du XXe siècle cultivaient l’expertise managérial au sein d’eux-mêmes, offrant des opportunités d’avancement à certains employés. C’est pourquoi Ed Rensi, qui a commencé chez McDonald’s en tant que cuisinier, a pu finir par devenir PDG (même si, évidemment, son cas était exceptionnel). Par contre, depuis les années 1970, quand ils ont été appelés pour faciliter les projets de réduction de personnel, les cabinets de consultants ont externalisé le management des grandes entreprises. Bien acquis à l’idéologie de la « méritocratie », à un moment où les fortunes des plus riches et tous les autres divergent radicalement, les consultants qui entrent en politique – e.g. Buttigeig, Mitt Romney ou Deval Patrick – jouent un rôle important en justifiant les inégalités sociales.

 

Photo Credit: Besopha, 2009 newsstand Paris, via Wikimedia Commons, CC BY-SA 2.0.

 

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