Les Enjeux du Paraître- Revue de Presse : 18 avril 2022

18 April 2022

Une évaluation honnête de n’importe quelle campagne électorale mettrait en avant l’importance des images et des impressions. Pour cette saison en 2022, c’est d’autant plus vrai. Le deuxième représente avant tout un conflit d’images et des structures narratives où le paraître prend le pas sur l’être.

Voici donc les difficultés encourues par le Président Emmanuel Macron. Tout d’abord, il mène une campagne qui semble démarrer que maintenant, après un premier tour alors que les sondages démontrent la possibilité d’une catastrophe. Au fil de sa course-éclaire à travers la France Profonde, Macron semble plus que jamais détaché des vœux de son électorat.

Avec Vous, Dans une Galaxie Lointaine … 

La stratégie de Macron consiste donc à se recontextualiser : pour déjouer le risque posé par Marine Le Pen, il vise avant tout à souligner le succès de son leadership pour la France et l’Europe dans le contexte d’une crise diplomatique. 

Vu comme un élitiste, Président des riches, trop dévoué aux intérêts privés et à l’Europe (selon les interlocuteurs), Macron doit également regagner de la légitimité par rapport aux accomplissements économiques de son premier mandat et de ses promesses par la suite. D’autant plus compliqué : les réformes économiques de Macron sont impopulaires mais efficaces selon ses partisans. Les sacrifier serait ainsi un pas dans la mauvaise direction.

Cette difficulté de positionnement favorise d’autant plus Marine Le Pen, qui a bénéficié d’une impression de modération idéologique suite à l’apparition d’Eric Zemmour sur les listes électorales. Avec Zemmour à la droite de Mme Le Pen, le Rassemblement national a réussi, pour le moment, à se libérer de l’ombre jusqu’alors omniprésente de son passé raciste ; par conséquent, Mme Le Pen s’est largement présentée comme la candidate du pouvoir d’achat des Français.

On constate ainsi la ré-émergence d’un scénario déjà bien trop familier aux observateurs des élections à travers l’Occident : un candidat centriste perçu comme arrogant, corporatiste et élitiste s’oppose à un populiste de droite qui invoque l’intérêt économique de la classe ouvrière pour appuyer sa légitimité.

Qui plus est, on voit les mêmes commentaires et analyses par rapport à ce deuxième tour : une élection serrée, certes, mais dont la victoire reviendra à Macron. 

Une Gauche Sinistrée

La popularité de Jean-Luc Mélenchon souligne que le désenchantement vis-à-vis du consensus centriste est à son comble à gauche comme à droite. Cela remet en question la tradition la plus importante pour garantir une victoire de Macron au second tour : celle du Mur Républicain. Pour Mélenchon, comme pour le Parti Socialiste, l’affaire est tranchée. Ce n’est pas le cas pour ses partisans. Par conséquent, l’encre coule à flots chez les éditorialistes des grands journaux. Dans Libération, on examine de fonte en comble le programme, l’impact, et la stratégie de Mme Le Pen. 

Outre les implications pour le deuxième tour, les 22 % de Mélenchon sont l’objet d’analyses plus poussées de par leur improbabilité. Dans Le Figaro, Vincent Trémolet de Villers se désole de l’influence soudaine et incontournable de cette gauche disloquée.

L’Ukraine

La guerre en Ukraine reste un élément incontournable du paysage médiatique. L’article d’Elia Pommiers dans Le Monde sur le déroulement de la guerre dans le Donbass est particulièrement exceptionnel et souligne les changements de stratégie de l’Armée Russe.

 

Photo Credit: Shane McLorrain

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