Chaque lundi avant le 3 novembre, je publie une tribune dans l’Humanité sur l’élection présidentielle aux États-Unis. Chaque tribune sera republiée ici le mercredi. Voici le deuxième article, publié le 12 octobre. 

 

Lorsque Donald Trump a annoncé qu’il avait contracté la Covid-19, Rachel Maddow – présentatrice du réseau MSNBC considéré comme proche du Parti démocrate – s’est empressée d’écrire sur Twitter, « Que Dieu bénisse le Président et sa femme…. Priez pour leur rétablissement rapide et complet ». Pour les bien-pensants du centre, imprégnés de moralité chrétienne, il est devenu à la mode de vouloir montrer de la compassion pour une droite qui n’en a aucune. Comme l’a dit Michelle Obama, « Quand ils s’enfoncent, on s’élève [When they go low, we go high]».

 

Mais en 2020, ce réflexe est plus qu’une simple posture. Il est le signe, chez les Démocrates, d’une profonde appréhension. Depuis la défaite choquante de 2016, le parti d’opposition est convaincu que Trump possède des instincts politiques prodigieux, qu’il exprime au fond ce que veut le peuple américain. Ainsi, la maladie du Président ne serait pas la manifestation de sa stupidité autodestructrice, mais une opportunité pour la droite. Trump pourrait-il utiliser son diagnostic pour montrer qu’il comprend ce dont des millions d’Américains ont souffert pendant cette pandémie ? Pour susciter de la sympathie ? Ou pour montrer sa virilité ?

 

En réalité, le comportement de Trump depuis son diagnostic et son retour à la Maison blanche contredit ces hypothèses. C’est vrai, Trump n’a cessé de parler de sa bonne forme : « je suis un spécimen physique parfait » a-t-il dit à un journaliste. Mais non seulement sa condition sanitaire peut toujours se dégrader, il se comporte également depuis des mois comme s’il était certain de perdre. Et loin de montrer son empathie pour des Américains victimes de la pandémie et de la crise économique, Trump et ses alliés au Congrès ont confirmé qu’ils refuseront toute négociation sur des aides supplémentaires.

 

Ces actions ne sont pas celles d’un candidat prodige, mais d’un nul en politique. Il est évident aux Etats-Unis qu’un gouvernement qui produit de la législation concrète (qui « accomplit des choses » [get things done]), a une bonne chance d’être réélu. En refusant un programme d’aide sociale avant l’élection, Trump perd sa dernière opportunité de montrer qu’il peut agir pour améliorer le sort des Américains. Les Démocrates n’auraient pas d’autre choix que de soutenir un tel projet – à la différence des Républicains, ils ne sont pas prêts à bloquer des programmes nécessaires. Prisonnier de ses propres caprices comme de l’idéologie ultralibérale de son parti, Trump ne peut saisir les seules opportunités qui lui restent.

 

Ceci ne devrait pas nous surprendre. Donald Trump n’a pas de talent pour la politique parce qu’il ne veut pas rallier à lui une majorité d’Américains. Comme l’a écrit son allié le Sénateur Mike Lee – lui aussi malade du virus – « La démocratie n’est pas notre objectif ; c’est la liberté, la paix et la prospérité…. Trop de démocratie contrarie ces choses ». Ceux qui espèrent sauver la démocratie ne peuvent pas se permettre de croire que de tels ennemis la comprennent mieux qu’eux-mêmes.

 

Photo credit: The White House, via Flickr (Public domain)

 

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